Le dribble

4 mars 2006 | Réflexion | Robert Pelsser

Le nombre de dribbleurs est-il en diminution?

Une des carences dont souffre notre football est la diminution du nombre de joueurs qui"font la différence", c'est-à-dire de joueurs qui, par un dribble, sont capables d'éliminer un ou plusieurs adversaires pour s'ouvrir le chemin du but ou pour offrir une occasion de but à un partenaire.

Pourquoi y a-t-il si peu de dribbleurs?

Une des raisons est probablement liée au fait que le football est plus organisé et se joue sur un tempo plus élevé qu'auparavant. De plus, trop de formateurs appliquent à leurs jeunes joueurs des conceptions de jeu où l'initiative du joueur est souvent freinée par la crainte de la perte du ballon.

Trop vite l'expression individuelle et spontanée du football disparaît au profit d'un football collectif très organisé. La consigne "donne ta balle" est certainement bien plus fréquente que "ose, élimine ton adversaire". Or, en phase d'apprentissage et de formation, il est capital d'apprendre au jeune joueur à dribbler afin de créer la supériorité numérique, de gagner du terrain, de créer une occasion de but pour lui-même ou pour un partenaire ou simplement afin d'assurer la conservation du ballon.

Le jeune joueur est très vite, trop vite, éduqué aux vertus collectives du jeu, sans avoir eu vraiment l'occasion de se doter de moyens de s'imposer individuellement. Il est évidemment loin le temps des terrains vagues, des prairies, des places publiques, des cours de récréation où le football était roi, où le football "à l'état sauvage", réduit à sa plus simple expression (un espace, deux équipes, deux buts, un ballon) permettait l'éclosion du jeu et du talent personnel de l'enfant ainsi qu'une liberté de jeu où l'enfant apprenait seul, au fil de ses erreurs et de ses réussites, à devenir plus fort, à devenir le plus fort.